Il est bien difficile de dire qui a inventé
l’harmonium : rien qu’en France : Grenier dès 1810 présente son
« Physarmonica » , la maisons Kasriel est créée en 1839 , Debain ,
qui dépose en 1840 une série de Brevets ( Harmonium , accordéon , harmonica )
est considéré comme le « père légitime » de l’instrument , Mustel à
partir de 1850 luis apportera de nombreux perfectionnements .
Le principe est toujours le même :
La base même de l’harmonium est une série de languettes métalliques que l’on met en vibration en envoyant de l’air : dans l’harmonica on souffle directement , dans l’accordéon on actionne le soufflet à la force de bras, pour l’harmonium on « pompe l’air » avec les pieds . c’est un instrument « à anches libres ». | ![]() |
![]() (E.SELAS , à l’orgue de Mr
DEBAIN |
Une
caractéristique essentielle de l’instrument : l’expression :
on peut , au lieu d’ envoyer l’air dans un réservoir qui le stabilise ,
l’envoyer directement sur les languettes. Il faut alors un excellent dosage du coup
de pied mais cette option permet de moduler l’attaque du son . Le fait que
certain harmoniums aient été dotés de moteurs électriques a certainement
augmenté le confort de l’utilisateur , mais les a privé de cette
caractéristique essentielle .
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L’harmonium est
un « sport complet » : on pompe avec les pieds , on joue et on
tire les jeux avec les mains ; mais sur la plupart des modèles , il
existe également une à trois commandes que l’on actionne avec les
genoux : ‘Grand-jeu’ , expressions différentes pour les basses et les
dessus … Notons aussi les petits
boutons sur le devant du clavier qui permettent de le décaler à droite ou à
gauche (clavier transpositeur). |
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Afin d’améliorer l’attaque du son , Alexandre avait équipé ses instruments d’un système de percussion de la languette , c’est pour cet instrument intitulé “mélodium” qu’il avait sollicité les auteurs les plus connus de l’époque : Adam , Berlioz, Niedermeyer ... | |
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Dans sa « Rêverie » , Adam a en outre judicieusement
utilisé la coupure de clavier , la main droite jouant certains passages à
cheval sur la coupure ( entre mi & fa ) :moitié
grave : jeu m(=4 pieds) ;moitié aigue :jeux j&k
( 8 et 16 pieds ). (collection
privée) |
Très schématiquement
, le répertoire de l’harmonium comprend trois catégories d’œuvres :
les
transcriptions ( partitions orchestrales , opéras …) ,
les pièces
« pour orgue ou harmonium » : pièces en style libre de
Vierne , « l’organiste » de César Franck ……
pièces
spécifiquement écrites pour l’harmonium :
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Organiste
sans doute le plus célèbre de son temps , Louis James Alfred Lefébure-Wély ,
organiste de Saint Sulpice a composé pour l’harmonium , il a été également
l’un des grands promoteurs de ce
nouvel instrument (images bibliothèque Nationale-Gallica) . |
La maison ALEXANDRE avait eu
l’idée de vendre son « Mélodium » accompagné d’un recueil de pièces
spécialement composées par les auteurs les plus en vue de l’époque : Fessy , Letocard , Adam ……. Berlioz aussi se mit à l’ouvrage en proposant une Toccata , une fugue et une « Sérénade agreste à la Madone dans le style de Pifferari Napolitains ».
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S’il est difficile d’identifier le père de
l’harmonium , on pourrait presque
dire qu’en France du moins , et bien malgré lui , Napoléon III a été le
principal artisan de son essor :
Le piano ne
possède pas encore tous les perfectionnements techniques que nous lui
connaissons , son accord est souvent instable . L’harmonium qui permet de
varier facilement les sonorités trouve ici un créneau de choix et Guesdon
signalait que vers 1900 il y avait plus d’harmoniums que de pianos dans les
foyers français .
b) A l’église : Napoléon III avait bien des raisons de choyer
l’Eglise : Eugénie de Montijo était
très pieuse ; L’Eglise de France était , de fait , un service public de
l’état et Louis-Napoléon en avait bien besoin pour sa politique (1852) ;
il avait de plus ( ne le répétez pas ) quelques péchés à se faire pardonner .
Il suffit de lire les gazettes diocésaines de l’époque pour s’apercevoir que la semaine de l’évêque était bien
remplie d’inaugurations de vitraux , d’autels , de statues , mais aussi
d’orgues et , pour les paroisses plus modeste d’harmoniums.
Outil
de reproduction sonore au salon , substitut de l’orgue à l’église , telles ont
été les deux grandes utilisations de l’harmonium au détriment d’une utilisation
musicale de ses possibilités intrinsèques.
Le
répertoire spécifique est resté relativement modeste .
En
même temps que l’harmonium naissait Thomas Alva Edison ; lui et quelques
autres vont développer les premiers moyens de reproduction du son ; le
piano se perfectionne ( cadre métalliques , amélioration de l’échappement, du
feutrage …) bref , l’harmonium rencontre au salon de sérieux concurrents.
A l’église . (
et aussi chez certains particuliers ) l’harmonium est perçu comme un
substitut de l’orgue ; et dès que la technique le permettra , on va
développer ( souvent sous le nom d’ »orgue » des harmoniums à
ventilateur électrique avec deux (voire trois ) claviers et pédaliers.
L’instrument perd l’ « expression » c’est à dire son âme.
Bref , autour des années 1945-1950 , l’harmonium va peu à
peu disparaître et avec lui un embryon de répertoire pourtant prometteur .
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